Sans faire de science fiction voici ce que cela va devenir ou l’histoire de Monsieur Dupont.
Monsieur Bernard Dupont enseigne l’histoire et la géographie, il est professeur principal depuis 2005 dans un collège de la grande banlieue toulousaine.
En 2004-2005, il est professeur principal pour la 1ère fois de sa classe de 3ème. Il rencontre souvent la COPsy, il lui arrive même d’avoir des réunions d’équipe pédagogique pour quelques élèves en difficulté avec la COPsy et le CPE, voire a une ou deux reprises l’assistante sociale. Un travail en complémentarité est mis en place.
En 2008-2009, le travail amorcé les années précédentes continue, néanmoins la COPsy n’est pas remplacée pendant son congé de maternité. Il doit avoir avec chaque élève et leur famille un entretien d’orientation. De fait il se limite aux questions de niveaux scolaires et conseille souvent aux familles de prendre un rendez vous avec la COPsy.
En 2009-2010, en plus des entretiens personnalisés, il doit mettre en place le PDMF, aider à la recherche de lieux de stages d’observation d’une semaine, en faire à la fois la préparation et le bilan.
Il n’y a pas d’heure de vie de classe et tout cela se fait dans le cadre de son cours. Monsieur Dupont commence à douter de son rôle de professeur principal.
En 2010-2011, la COPsy est venue en début d’année pour aider les équipes à moduler le PDMF en fonction de l’expérience de l’année dernière. Elle ne vient plus qu’une demi-journée par mois, et ne rencontre que les élèves handicapés, ou susceptibles d’être scolarisés en EGPA, ou décrocheurs. Elle passe de longs moments avec l’équipe de direction du collège, qui s’est fait remarquer pour un taux de redoublement trop élevé (3.5%). Le contact avec les enseignants, voire les élèves et les familles se fait donc surtout par messagerie électronique. Il est vrai qu’elle n’est plus remboursée pour ses frais de déplacements, et cela fait plus de 50KM aller retour du CIO. Néanmoins le CIO existe encore pour quelques mois et elle peut y recevoir les élèves. La COPsy étant sur d’autres missions, Monsieur Dupont doit gérer seul les projets d’orientation de ses élèves, projets plus ou moins construits, et plus ou moins réalisables. La COPsy n’est plus là pour prendre en compte l’élève dans sa globalité, l’aider à construire son projet. Monsieur Dupont a bien du mal assurer les deux rôles, celui d’enseignant, forcément transmetteur de savoirs et évaluateur, et celui de conseiller d’orientation-psychologue dont il n’a ni les connaissances, ni la qualification.
En 2011-2012, le CIO a déménagé pour être intégré dans le réseau s’occupant d’orientation, d’insertion et d’emploi ; il est plus loin. Cette grosse structure rassemble les personnels des anciens CIO toulousains (ou du moins ce qu’il en reste, car pour 10 départs à la retraite un seul est remplacé), des missions locales et du pôle emploi, ainsi qu’une antenne de la chambre des métiers pour l’apprentissage. Les locaux sont insuffisants, mais les personnels font des permanences dans les mairies, et une fois par mois dans les établissements où les élèves à besoins particuliers sont nombreux (établissements ayant une UPI, les classes pour élèves nouvellement arrivés en France et les collèges ambition réussite). Pour obtenir un rendez vous, c’est difficile car ce lieu est surtout fréquenté par les adultes en recherche d’emploi. Le personnel est en lien avec le service dématérialisé pour recevoir tous ceux qui n’ont pu être renseignés par téléphone ou messagerie. Les familles sont reçues dans des petits box peu isolés, et cela crée un lien particulier entre orientation et chômage d’avoir un échange sur les projets d’avenir d’un jeune de 15 ans en entendant de part et d’autres les autres consultants évoquer leurs problèmes d’emploi.
A côté du collège et du lycée, un cabinet de coaching, tenu par deux psychologues vient de s’ouvrir, les élèves et leur familles peuvent y passer des tests d’intérêts. Le bilan coûte 200 euros. Les informations sur le système de formation sont limitées, car ces psychologues exercent en libéral, et ne sont pas psychologues de l’éducation nationale comme le sont les COPsy. En fait d’un élève à l’autre le bilan est toujours assez formaté, mais les familles préfèrent cela au rendez vous au pôle emploi, pour celles bien sûr qui peuvent se le permettre.
Ah, j’allais oublier : Monsieur Dupont a jeté l’éponge, il n’est plus professeur principal. Il faut dire qu’avec 3 heures supplémentaires imposées et la découverte d’une autre discipline (et oui la bivalence vient d’être mise en place à titre expérimental !), plus l’annualisation du temps de service, Monsieur Dupont en a assez !
Alors pour ne pas devenir un Monsieur Dupont ,signez la carte pétition incluse dans l’US du 20 mai 2010, adressez des messages de protestation au recteur, au ministre, faites voter une motion dans votre CA et dans vos établissements et refusez de prendre en charge les missions des COPsy.