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Dépêches de l'Education du Lundi 17 décembre 2007
Lutte contre l'homophobie: des projets aboutis et de vrais ratages
La lutte contre l'homophobie était en 2007 l'un des thèmes de l'année européenne de l'égalité des chances en France, clôturée lundi à Paris: si des associations ont porté des projets de sensibilisation, elles se sont aussi heurtées à des fins de non recevoir dans l'Education.
L'Autre Cercle, association de lutte contre les discriminations sexuelles au travail, a pointé les "échecs", particulièrement sur le volet "formation".
Il devait concerner les conseils régionaux, comme employeurs et financeurs des politiques de l'emploi, mais "l'inertie des structures" a entravé la mise en place de formations.
"Beaucoup plus grave a été le comportement des IUFM", les instituts de formation des maîtres, a souligné Catherine Tripon, présidente de l'Autre Cercle, "alors que tout le monde s'accorde sur la nécessité de commencer la sensibilisation à l'école". En moyenne, les jeunes homosexuels se suicident 7 fois plus que les hétérosexuels.
Les 61 IUFM de France "ont été contactés et aucun ne nous a répondu. Après des centaines de relances téléphoniques, on a fini par avoir... 5 réponses" qu'on peut résumer ainsi: "on peut le faire nous mêmes, on le fait déjà ou ce n'est pas nécessaire", s'étrangle encore Mme Tripon, pour qui "c'est un vrai ratage".
Du côté des satisfactions, l'Autre Cercle a mené à bien la réalisation d'une bande-dessinée --préfacée par Moebius-- qui met en scène l'homophobie sous toutes ses formes au sein d'une imprimerie et les manières d'y mettre un terme.
Editée à 20.000 exemplaires, elle sera distribuée en janvier aux élus, représentants économiques et sociaux à travers la France et présentée en février à la Commission européenne.
Alors qu'un "livre blanc" avait été rédigé en 2003 pour faire un état des lieux de l'homophobie et de l'homosexualité au travail, l'association a publié lundi la suite, intitulée "Diversité et travail, n'a-t-on rien oublié?"
Le mot "diversité est dans toutes les bouches: ethnique, religieuse, etc. Mais pour les LGBT (lesbiennes, gays, bi et transexuels), on a rien eu ni dans le discours ni dans les politiques privées ou publiques!", déplore Catherine Tripon.
"Nier cette diversité, ça coûte de l'argent à l'entreprise et c'est un vrai enjeu de gestion du personnel à l'heure où les gens ne sont plus prêts à porter un masque pour aller travailler", argumente-t-elle.